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Lien social et integration chez Emile Durkheim

LIEN SOCIAL ET INTEGRATION CHEZ EMILE DURKHEIM.



Né à Epinal en 1858 dans une famille juive traditionnelle (son père était rabbin), E.Durdheim s’est intéressé aux sciences sociales dès sa sortie de l’Ecole normale supérieure   (haut lieu de formation intellectuelle mais aussi creuset où se formaient les futures élites) en tant qu’agrégé de philosophie, en 1882, en compagnie d’Henri Bergson et de Jean Jaurès avec lequel il se lie d’amitié. Brillant élève, il avait été préalablement reçu à ses deux baccalauréats celui de Lettres en 1874 et celui de sciences en 1875.

Il est le premier à présenter en France la sociologie comme une discipline distincte de la philosophie et de l’économie.

Il est considéré comme le père fondateur de la Sociologie en France.

En 1887, il est nommé chargé de cours de « sciences sociales et éducation » à la faculté de lettres de Bordeaux, cette même année, il épousa Louise Dreyfus.

A partir de 1896, il entreprend de réunir une équipe de collaborateurs qui vont publier chaque année une revue intitulée « l’année sociologique » qui assumera la renommée de l’école française de sociologie (12 volumes sont publiés entre 1898 et 1912).

En 1902, il est nommé professeur à la Sorbonne (suppléant à la chaire de sciences sociales et d’éducation de Ferdinand Buisson)

C’est en 1906, qu’il obtint la chaire de « sciences sociales et éducation » à la Sorbonne et en 1913, il obtint que l’intitulé soit modifié en « sciences sociales et sociologie ».

Il publia quatre ouvrages majeurs :

-          De la division du travail social en 1893 (DDTS)

-          Les règles de la méthode sociologique en 1895

-          Le suicide en 1897

-          Les formes élémentaires de la vie religieuse en 1912

 A la fin de l’année 1916, frappé par la maladie, il arrête toutes ses activités. La mort de son fils André sur le front serbe lui porte un coup très dur.

Il décède à Paris le 15 novembre 1917

 
2°LA PLACE D’EMILE DURKHEIM DANS LES SCIENCES SOCIALES.

 
L’étude de la nature et des formes du lien social s’inscrit chez Durkheim (1858-1917) dans une volonté de comprendre l’évolution des sociétés.

Une question hante en effet Durkheim, celle de la cohésion d’une société dans un monde où progresse l’individualisme. Comment des d’individus tous différents peuvent-ils constituer une société, alors que pour les économistes, ils sont divisés par la concurrence et par la recherche égoïste du plaisir, tandis que les psychologues se les représentent mus par des pulsions individuelles ? En définitive, quelle est l’origine du lien social?

Pour Durkheim, ce « tout », cet « ensemble », la « société » est autre chose que la somme des individualités. À la « main invisible » d'Adam Smith et au cadre de la concurrence qui règle l’économie, Durkheim oppose la solidarité fondée sur des buts communs qui permettent aux individus de trouver dans le groupe et la vie collective un réel plaisir, une source de satisfaction qui ne se résume pas à la consommation de biens, mais crée des relations et tisse des liens.

La société française de la fin du 19ème siècle connaît de nombreux bouleversements. La révolution industrielle est à son apogée. L’évolution du capitalisme, le développement de l’urbanisation, la montée de l’individualisme et des idées progressistes affaiblissent les institutions traditionnelles de socialisation comme la famille, l’Etat ou encore la religion.

La nouvelle société qui émerge est porteuse de nombreuses contestations (mouvements anarchistes, mouvements socialistes) mais aussi de réformes tant sur le plan politique que sur le plan social ( le droit de grève est obtenue en 1864, le droit syndical en 1884 lois Waldeck-Rousseau, école laïque et obligatoire avec les lois Jules Ferry…)

Comme Zola, il se range du coté des dreyfussards et apparaît comme un observateur éclairé de la situation socio-économique de son époque en défendant un idéal laïque et républicain.

En fondant la sociologie française, E.Durkheim cherche à la fois à mieux comprendre ces évolutions et à trouver des solutions aux problèmes des sociétés industrielles.

Dans sa thèse de doctorat : «  La DDTS », il s’intéresse à la solidarité sociale, lien invisible qui relie l’individu à la société. Il constate que ce lien social évolue en fonction des sociétés, dans les sociétés modernes, la division du travail joue un rôle essentiel dans la solidarité sociale en permettent de rendre les individus à la fois autonomes et interdépendants.

Durkheim est considéré comme le père fondateur de la sociologie française. Il a en effet contribué à faire de la sociologie une discipline universitaire autonome distincte de la philosophe ni de l’économie, ni de la psychologie.

Pour ce faire, il impose des règles méthodologiques strictes. Le sociologue doit écarter tous les préjugés, les prénotions, pour une analyse objective des faits sociaux.

Il faut traiter les faits sociaux comme les choses.

Pour lui, les faits sociaux peuvent être étudiés de la même manière que des phénomènes naturels et il faut à tout prix éviter les jugements spontanés et les lieux communs.

Les faits sociaux «consistent en des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu, et qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui ».

Le sociologue doit expliquer les faits sociaux par d’autres faits sociaux c’est à dire adopter une approche holiste.

L’analyse sociologique doit enfin s’appuyer sur des données statistiques comme Durkheim l’a fait dans son livre intitulé le « suicide » de 1897.

Le suicide apparaît généralement (dans le sens commun) comme un choix strictement individuel, mais Durkheim montre qu’il existe des circonstances qui sont régulièrement à l’origine de ce phénomène («régularités sociales »). Il va donc proposer une explication purement sociale au suicide.

Preuve supplémentaire que pour lui, l’individu procède de la société.

Durkheim est le chef de file de l’école française de sociologie qui regroupe des auteurs comme Marcel Mauss (1872-1950) qui est son neveu ou Maurice Halbwachs (1877-1945)

3° LES GRANDES LIGNES DE LA PENSEE DE DURKHEIM

-          La division du travail fonde le lien social :

Qu’est-ce que la division sociale du travail ou division du travail social ?

La division sociale du travail se traduit par la répartition des rôles et des fonctions (politiques, économiques, religieuses, sociales, etc.) entre les membres de la société. Chacun est ainsi spécialisé dans une fonction, un rôle qui le rend complémentaire des autres et crée ainsi du lien social.

 

Qu’est-ce que l’intégration sociale?

L’intégration sociale peut se définir comme une situation ou un processus d’insertion au cours duquel un individu ou un groupe d’individus trouve (ou a trouvé) sa place dans un même ensemble (collectivité, société) ; ce qui aboutit à la formation d’un ensemble cohérent.

 

Qu’est-ce que la cohésion sociale ?

Il y a cohésion sociale lorsque la société conserve son unité, c’est à dire lorsqu’elle est capable de faire coexister ensemble et de manière relativement harmonieuse des individus très différents par leur caractéristiques. On peut donc parler de cohésion sociale lorsque chaque individu y a sa place ! ! !

Remarque : la cohésion sociale dépend de la capacité d’une société à maintenir, voire même à renforcer les liens entre les membres qui la composent.

Durkheim rejette les analyses qui fondent le lien social dur la recherche de l’intérêt individuel et sur le marché, contrairement aux économistes libéraux, il considère que le marché ne peut durablement rassembler les Hommes.

C’est la division du travail qui augmente la solidarité et l’interdépendance entre les membres d’une société, elle est source de solidarité sociale.

La division du travail n’est pas le progrès économique ni l’accroissement des richesses mais sa véritable fonction est de créer entre les personnes un sentiment de solidarité, de contribuer à l’intégration générale de la société tout entière :

Selon Durkheim, les causes et le développement de la division du travail ne sont pas économiques mais sociales (il faut expliquer un fait social par un autre fait social)

En l’occurrence c’est l’accroissement de la densité matérielle et morale de la société qui induit l’approfondissement de la division du travail.

La densité matérielle résulte de l’accroissement démographique, en effet, plus une population est nombreuse sur un territoire donné, plus les échanges entre les individus sont fréquents, se multiplient et plus la division du travail est développée.

E. Durkheim la conçoit comme un phénomène social (division du travail sociale) qui repose sur le partage des fonctions jusque-là communes à tous les individus et qui va générer du lien social. En impliquant une diversification des activités et en spécialisant les individus, elle favorise, de ce fait, l’échange des compétences et les relations d’interdépendance. L’individu se révèle tout en étant lié aux autres car seul, il ne peut survivre !

Cette spécialisation reconnue par Durkheim va surtout permettre aux individus de vivre en harmonie parce qu’elle crée entre eux un lien incontournable: la complémentarité !

La division du travail engendre la cohésion sociale et l’ordre social. Elle crée une harmonie dans les rapports qu’entretiennent les individus les uns par rapports aux autres et ce, quel que soit le domaine de l’activité sociale observé.


-          SOLIDARITE MECANIQUE ET SOLIDARITE ORGANIQUE :

Grâce à la division du travail les sociétés évoluent vers la modernité, on passe d’une solidarité mécanique caractéristique des sociétés primitives à une solidarité organique spécifiques des sociétés modernes.

La solidarité mécanique est une solidarité par similitude, les individus sont semblables les uns aux autres, ils partagent les mêmes valeurs, les mêmes croyances…

Les individus sont interchangeables et unis par la conscience collective forte qui s’impose à eux, qui impose des pratiques uniformes, ceux qui s’en écartent sont violemment sanctionnés, le droit répressif domine.


Qu’est-ce que la conscience collective ?

Selon Durkheim, « c’est un ensemble de croyances et de sentiments communs à la moyenne des membres d’une même population». Plus cette conscience collective est forte et plus la société s’impose à l’individu et règle ses comportements quotidiens. Il a donc peu d’autonomie par rapport au groupe dans lequel il vit.

La pensée et les conduites des individus sont déterminées par la volonté de l’ensemble de la communauté. Tout manquement aux valeurs et aux normes de conduites partagées par le groupe entraîne une lourde sanction, c’est le prix à payer pour assurer la pérennité du groupe tout entier.


La solidarité organique est une solidarité par différenciation caractéristique des sociétés modernes, les individus y sont différents et le poids de la conscience collective est faible         (chacun est libre de penser et d’agir à sa guise). Les individus sont liés les uns aux autres parce qu’ils  exercent des rôles et des fonctions complémentaires au sein du système social.

Le droit est de type coopératif ou restitutif, il sanctionne parfois mais son but est de remettre les choses en l’état pour mieux organiser la coopération des individus (droit commercial, droit administratif…).

Dans le cadre du droit restitutif, la violation des règles juridiques entraîne des mesures réparatrices de façon à remettre les choses dans l’ordre.

L’évolution des sociétés vers la modernité est due à l’approfondissement de la DTS, lui-même dû au développement des échanges entre les individus qui résulte de l’augmentation de la densité de la population.

 VOIR SCHEMA EN COURS


-         
LES FORMES PATHOLOGIQUES DE LA DIVISION DU TRAVAIL

Normalement la DTS doit augmenter la solidarité entre les individus, mais il arrive parfois qu’elle ait des effets contraires.

Dans ce cas, E.Durkheim parle de formes anormales ou pathologiques de la division du travail : c’est le concept d’anomie qui un dérèglement social qui provient d’une insuffisance de coordination entre les différents organes de la société, ou encore du fait que les désirs des individus deviennent disproportionnés par rapport à leur situation objective. C’est un affaiblissement des normes et des valeurs sur le comportement des individus.


Qu’est-ce que l’anomie?

C’est un état anormal de la division du travail qui va se traduire par un affaiblissement du lien social. L’anomie traduit une situation dans laquelle les règles générées par la division du travail et qui permettent à l’ensemble des individus de vivre en harmonie au sein de la société disparaissent ou deviennent inefficaces pour organiser leurs rapports.

Avec le dérèglement de l’activité sociale et l’affaiblissement des normes sociales, les désirs individuels ne sont plus « limités », « bornés » ; des conflits entre individus d’un même groupe peuvent éclater.

En effet, lorsque la société subit des transformations rapides, ces dernières suscitent des attentes, des désirs de la part des individus. Or, les normes et les valeurs présentes dans la société sont incapables de les canaliser ou de les contrôler. Les individus perdent alors un certain nombre de repères. Il faut qu’un nouvel équilibre (avec la mise en place de nouvelles règles sociales) se mette en place pour que les choses reprennent un cours normal !


La division du travail anomique est un état anormal de la division du travail par manque de règles, la division du travail ne produit pas de solidarité sociale, il distingue trois cas de figure :

-          Les crises industrielles et commerciales qui provoquent des faillites d’entreprises constituent des ruptures de solidarité organique.

-          L’opposition entre le capital et le travail : les conflits du travail peuvent se multiplier si les règles sociales sont trop floues.

-          Le travail scientifique peut être trop spécialisé.

La division du travail contrainte est présente lorsque la division du travail ne résulte pas d’un choix délibéré, mais lorsqu’elle est imposée. E.Durkheim dénonce ainsi le travail répétitif, mais le remède ne peut pas venir d’un adoucissement de la division du travail car ce serait une régression. Il ne faut donc pas définir plus précisément des règles pour encadrer les relations sociales. Cela ne peut pas venir de l’Etat qui est trop éloigné des citoyens pour pouvoir réglementer efficacement la vie professionnelle et économique. E.Durkheim propose la reconstitution des corporations et des groupes professionnels, il faut limiter la division du travail anomique en définissant des règles précises. 


Qu’est-ce que l’individualisme au sens sociologique ?

Le développement de la conscience individuelle se retrouve dans la montée en force de « l’individualisme».

Ce terme au sens courant est synonyme d’égoïsme, de repli sur ses seuls intérêts personnels. Au sens sociologique (celui que nous retiendrons !), il traduit le fait que l’individu devient plus autonome par rapport au groupe ou à la société auxquels il appartient et privilégie sa sphère privée (libre choix du conjoint, libre arbitre, libre gestion de sa vie professionnelle, etc.).

 

4° ACTUALITE ET PROLONGEMENTS DE DURKHEIM.

-          INTEGRATION ET TRAVAIL

Avec l’apparition de la société salariale, le travail est devenu un facteur d’intégration fondamental.

Le travail fournit un salaire qui sert entre autre à la consommation, il permet l’accès à la protection sociale, à la propriété et de participer à l’action syndicale, en résumé, le travail est le fondement du statut social, perdre son emploi, c’est souvent perdre une part de sa citoyenneté sociale.

Depuis le milieu des années 1970, le rôle intégrateur du travail semble en crise provenant des effets conjugués de la hausse du chômage et du développement de la précarité.

Cela contribue à l’effritement de la société salariale et à l’apparition d’une nouvelle pauvreté (poor workers : les travailleurs pauvres). Le chômage est devenu un élément déterminant d’exclusion sociale. Perdre son emploi, c’est souvent perdre une partie de sa place dans la société ! D’ailleurs, l’exclusion sociale a souvent comme origine à un moment donné, une rupture avec le monde du travail.

Qu’est-ce que l’exclusion sociale?

Elle peut se définir comme une rupture du lien social.

Elle peut renvoyer à une situation ou à un processus.


La sociologue française Dominique Méda annonce la fin du travail comme valeur intégratrice. Elle considère d’une part que le travail n’est plus une caractéristique universelle, mais que le concept de travail a été construit par des économistes comme Smith, Marx :

D’autre part, elle considère que le travail n’a pas à être le fondement du lien social et que bien d’autres relations créent du lien social comme les liens politiques, culturels, familiaux…

La crise du rôle intégrateur du travail ne remet pas en cause l’analyse de Durkheim :

-          Il avait considéré que des formes anomales de la division du travail pouvaient ne pas produire du lien social

-          Il ne limite pas la division du travail à la sphère économique, mais considère qu’elle unit aussi les individus dans d’autres domaines comme le domaine politique ou familial

-          DE NOUVELLES FORMES DE SOLIDARITE MECANIQUES DANS LES SOCIETES MODERNES : LE TRIBALISME ET/OU LE COMMUNAUTARISME

 

-          Maintien et renforcement des formes de solidarité mécaniques dans les sociétés contemporaines

L’affaiblissement de la conscience collective au profit d’une conscience individuelle est une réalité dans les sociétés modernes, mais on peut remarquer que cette tendance est contrebalancée par une nouvelle recherche d’identité par les individus, qui se traduit par un retour vers l’appartenance à des communautés. Ainsi, certains signes montrent le maintien, voire le renforcement de certaines formes de solidarités mécaniques (cela relance la vieille théorie du sociologue allemand F.Tonnies (1855-1936) entre communauté et société.

1)   Malgré les changements qui l’affectent, la famille demeure un lieu important de solidarité

Parmi les institutions traditionnelles qui assuraient la cohésion et le lien social, la famille a connu de nombreuses transformations depuis une trentaine d'années. Pour Durkheim, la famille permet une forte intégration, l'établissement et la consolidation des liens sociaux. La famille doit réduire l'anomie et le suicide.

Traditionnellement, la famille était l'instance de socialisation par excellence. L'individu y formait son identité.

Jusqu'aux années 1970, elle remplit pleinement son rôle, elle est le lieu, avec le travail, où se nouent les relations sociales.

Ces modèles familiaux vont par la suite être bouleversés. En 1920, on dénombrait 623 000 mariages, en 1998, seulement 282 000. Parallèlement, les divorces ont subi une très forte augmentation passant d'environ 10 000 en 1900 à 119 200 en 1998. En conséquence, on note une recrudescence des personnes seules et des familles monoparentales, sans oublier la progression des familles recomposées !!!

Notre société semble donc renvoyer une image de la famille individualisée et fragmentée, marquée par une rupture du lien social. Pourtant, elle demeure le lieu principal ou s’exerce la solidarité.

Des études sociologiques ont montré l’importance des liens de parenté, l’implication et l’aide apportée par les grands parents (grâce à l’allongement de la vie et l’augmentation des retraites), les solidarités familiales (financières et affectives) en direction des jeunes qui entrent plus tardivement sur le marché du travail ou qui sont touchés par le chômage.

2)   Les nouveaux mouvements sociaux

Mouvements féministes, mouvements écologistes, les mouvements régionalistes etc. se construisent autour d’une communauté d’intérêt et de point vue.

 

3)    La montée du bénévolat et du secteur associatif

On assiste à un retour de l’esprit communautaire pour permettre de lutter contre l’isolement des individus (Ex : Associations de quartiers, les restos du cœur, la Croix-Rouge, etc.).

  4)   La constitution de réseaux d’entraide où domine l’échange non-marchand

L’émergence de ces réseaux montre bien que l’échange et l’entraide constituent des moyens de recréer du lien social entre les individus en échappant au traditionnel lien marchand où tout échange suppose une contrepartie en argent. La famille est un lieu important d’échange et de production non marchande à travers le bricolage, ou encore les aides au déménagement, etc. Toutefois, la famille n’est plus le lieu exclusif de ces entraides. En effet, des individus peuvent se regrouper localement pour s’échanger mutuellement des services ménagers, des réparations, des cours, etc. dans le but de créer entre eux des liens. C’est ce que l’on appelle un SEL (Système d’échange Local). Il ne s’agit pas d’un système totalement déconnecté de l’économie puisqu’il fonctionne avec une monnaie (Ex « le grain » ou « la châtaigne ») dont le seul rôle est de permettre l’échange de biens et de services.

  5)         Le renouveau de la religion ?!!

Afin que s'exprime pleinement la conscience collective, Durkheim fait appel à une autre institution, l'Église, qui permet de soumettre la conscience individuelle. Néanmoins, comme beaucoup d'autres sociologues, il observe le déclin de la religion au profit d'une conception scientifique du monde. Dès lors, l'individu se libère de la contrainte collective imposée par l'Eglise ; il ne va plus y puiser que les quelques éléments nécessaires au sens qu'il entend donner à sa vie. Une plus grande liberté de choix est offerte, mais pour certains, c'est une liberté trop grande qui les laisse sans attache.

Si les individus semblent s'émanciper des institutions religieuses, on observe également l'émergence de croyances parallèles (spiritisme, New-Age, sectes, témoins de Jéhovah, scientologie etc.), et la résurgence de pratiques intégristes au sein des religions traditionnelles. D’autre part, on assiste à une recomposition de la religion catholique autour des communautés de laïcs qui s’investissent de plus en plus. Ce retour de la religion passe par des pratiques communautaires et contribue à renforcer certains liens sociaux (en réaction parfois aux conséquences de la mondialisation !).

 

Contrairement à ce que pensait Durkheim, la solidarité mécanique n’a pas totalement disparu de nos sociétés modernes comme en témoignent les exemples qui précèdent. Plus largement, le « poids » d’une trop grande liberté a poussé les individus à rechercher de nouvelles formes de solidarité. Aujourd’hui, l’individu a tendance à s’organiser de nouveau en groupe soudé par une conscience collective forte.

Le développement de l’individualisme qui a accompagné la société moderne a donc privilégié les valeurs de la liberté et du travail. La forte croissance économique des « Trente Glorieuses » relayée par la montée du salariat et de la protection sociale a permis une augmentation du niveau de vie pour un grand nombre d'individus. Les inégalités engendrées par le système étaient atténuées par des institutions comme l’Etat garantissant ainsi une forte cohésion sociale.

Pourtant, depuis les années 1970, on voit apparaître de nombreux dysfonctionnements qui remettent en cause l'efficacité du système.

Comme le pressentait Durkheim, la solidarité organique de notre société moderne ne parvient pas à se mettre en place de manière suffisamment forte pour permettre un fonctionnement harmonieux de la société. Le lien social cède parfois la place à une exclusion aux conséquences humaines désastreuses.

Les multiples réactions que suscite la question de l’exclusion en France soulèvent encore bien d’autres interrogations:

Le travail doit-il être au cœur du lien social? Le lien politique ne serait-il pas plus important pour générer du lien social ?

La société ne tient-elle pas d’abord parce que les individus décident tous ensemble des règles qui régissent leur vie en société, c’est à dire la Constitution, les lois, des modalités de fonctionnement de la démocratie? En d’autres termes, la citoyenneté politique n’est-elle plus importante que la citoyenneté économique ??!

 

 

 
   
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