LE CIRCUIT ECONOMIQUE ET SES ACTEURS.
Jean Fourastié définit la science économique comme « celle qui étudie la production, la consommation et l’échange des biens et services rares ». La production est donc l’activité de base. C’est celle qui permet de transformer la nature en biens et services consommables par l’Homme ; elle est donc indispensable à toute consommation.
C’est aussi de l’activité productive que naissent les revenus qui seront ensuite utilisée par les ménages pour la consommation ou l’épargne.
Pour tenter de représenter de façon synthétique le système économique et essayer d’en comprendre les mécanismes, les économistes procèdent à une schématisation, c’est à dire qu’ils élaborent un modèle simplificateur de la réalité pour dégager les grandes lignes directrices de son fonctionnement : c’est cette schématisation qu’on appelle le circuit économique.
Le circuit économique est donc une représentation simplifiée de la circulation des richesses. Il permet d’expliquer l’interdépendance des agents et de représenter l’équilibre global de l’économie. C’est un outil macroéconomique qui servira plus tard de base à la comptabilité nationale. C’est l’économiste français François Quesnay (1694-1744) qui dans son tableau économique de 1758 est le premier a avoir eu recours à cette schématisation de l’économie.
Nous étudierons dans une première partie les différents acteurs qui constituent le circuit économique, puis, dans une seconde partie nous présenterons l’approche en termes de circuit.
1°LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA VIE ECONOMIQUE.
Nous verrons successivement les quatre acteurs principaux de la vie économique ( les entreprises, les ménages, l’Etat et l’extérieur ). Nous en décrirons seulement que trois car le quatrième qu’est le Reste du Monde fera l’objet d’un développement particulier dans un autre chapitre.
A)L’entreprise : le lieu de production des biens et services.
1- La production, l’activité principale de l’entreprise.
Pour produire, c’est à dire créer des biens et services transforme des ressources. Trois grands types de ressources sont utilisés :
- Le capital technique : ce sont les de production ou d’équipement ( machines, terrains, bâtiments…). Pour augmenter son stock de capital technique, l’entreprise réalise un investissement appelé aussi par la (CN) la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF ).
- Le travail : les machines ne suffisent pas : il faut pour les faire fonctionner des hommes qui apportent leurs capacités physiques et intellectuelles.
- Des matières premières, de l’énergie, toutes les ressources naturelles utilisables…
Toutes ces ressources sont utilisées par une entreprise pour créer des biens et services s’appellent des facteurs de production.
2-Son objectif principal : réaliser un profit maximum.
Pour atteindre cet objectif l’entreprise doit trouver une combinaison productive optimale des facteurs de production c’est à dire celle qui lui permet de produire le plus de biens et services possible au coût de production le plus bas possible. Pour ce faire, elle prend en compte deux éléments :
- La productivité des facteurs de production qui mesure l’efficacité des facteurs de production grâce au rapport entre la quantité à produire et la quantité de facteurs nécessaire pour obtenir cette production. L’entreprise choisit la combinaison la plus productive.
- Le prix des facteurs de production correspond à l’ensemble des dépenses relatives à l’achat de biens d’équipement et à l’achat de travail. L’entreprise compare le coût du travail à celui du capital ; si le coût du travail augmente plus vite que celui du capital, l’entreprise optera pour une combinaison plus capitalistique c’est à dire pour une combinaison qui utilise proportionnellement plus de capital que de travail. Dans ce cas, elle remplace du travail par du capital, on parle de substitution du capital au travail. A noter que si une production pour être réaliser utilise dans des proportions strictes toujours la même quantité de travail et de capital, sans avoir la possibilité de substituer l’un par l’autre, on dit alors que les facteurs de production sont complémentaires.
3- L’entreprise contribue à la richesse nationale.
Si l’on veut mesurer la contribution d’une entreprise à la richesse nationale le concept de production est inopérant. En effet pour fabriquer des biens et services, une entreprise doit utiliser d’autres biens et services qui disparaîtront lors du processus productif soit par destruction, soit par incorporation dans un produit élaboré.
Ces biens qui disparaissent lors de la production sont appelés consommation intermédiaire. Ainsi pour mesurer avec exactitude la contribution d’une entreprise les économistes calculent la valeur ajoutée.
Valeur ajoutée = Production – Consommations intermédiaires
Par ailleurs, pour produire, l’entreprise utilise du capital technique qui s’use au cours de la production, tout se passe comme si elle détruisait une fraction de son capital technique durant une année. Pour être précis il faut donc détruire une partie de la valeur de la production. Pour cela on retranche le montant de l’amortissement et on obtient la valeur de la valeur ajoutée nette.
Valeur ajoutée nette = production – consommations intermédiaires – amortissement
L’entreprise se doit de rémunérer ceux qui ont participé à la production de biens et services : c’est la répartition primaire. Qui sont ces participants ?
- Les apporteurs de capitaux : ce sont les actionnaires qui perçoivent un dividende, les prêteurs de capitaux qui perçoivent des intérêts ; il peut également s’agir des propriétaires des locaux loués par l’entreprise moyennant un loyer.
- Les salariés qui apportent le travail et reçoivent en contrepartie un salaire.
- L’Etat quant à lui prélève une partie de la V.A sous la forme d’impôts à la production ; mais qu’apporte donc en contrepartie l’Etat ? Son apport est indirect puisqu’il contribue à améliorer l’efficacité de l’entreprise par l’intermédiaire d’infrastructures comme les routes, les structures scolaires pour former la main d’œuvre, enlèvement des déchets….
- L’entreprise ne va pas distribuer la totalité de sa V.A. Elle doit penser à son avenir ce qu’elle a déjà fait avec l’amortissement. Mais cela n’est pas suffisant, elle doit envisager sa croissance future et pour cela, constituer des réserves, réserves qui sont alimentées par ses bénéfices et qui serviront à financer ses investissements.
B) Les ménages : consommation de biens et de services.
1- Les ménages fournissent des facteurs de production et consomment.
La fonction principale des ménages est la consommation, c’est à dire l’achat ou l’usage de biens et services en vue de satisfaire un besoin. C’est parce qu ‘ils offrent aux entreprises du travail et du capital que les ménages perçoivent des revenus appelés revenus primaires.
Pour connaître le revenu disponible des ménages pour consommer ou épargner, il convient de soustraire aux revenus primaires les prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) d’y ajouter les revenus de transfert ou revenus sociaux ( prestations sociales au titre de la famille, de la vieillesse, de l’emploi et de la santé ).
Les ménages vont utiliser ce revenu pour satisfaire leurs besoins c’est à dire consommer. Cette consommation peut être marchande quand ils se procurent des biens et services sur un marché en échange d’une certaine quantité de monnaie, elle peut être aussi cette consommation non-marchande lorsqu’elle s’effectue hors marché.
Les consommateurs peuvent produire eux-mêmes les biens dont ils ont besoin c’est alors de l’autoconsommation.
Certains services pouvant être gratuits fournis par les administrations publiques, c’est le cas notamment de la défense nationale, de la police , justice, éducation……
2- Les ménages peuvent épargner.
En règle générale, les ménages ne dépensent pas la totalité de leur revenu disponible. Une partie est destinée à la consommation, l’autre qui n’est pas utilisée, s’appelle l’épargne :
Revenu disponible = Consommation – Epargne.
Cette épargne peut prendre plusieurs formes :
- Une épargne financière : dépôt à vue ( compte chèque ), livret d’épargne ( livret A ), achat de valeurs mobilières ( action et /ou obligation ).
- Une épargne non-financière : achat de logement par exemple.
Les ménages et les entreprises sont les principaux agents économiques. Une économie comme celle de la France est composée de millions d’agents qui entrent en relation. Ainsi se crée un réseau complexe d’interdépendance. Afin de simplifier ce réseau les économistes ont pris pour habitude de construire un circuit économique.
2° LE CIRCUIT ECONOMIQUE.
A) Définition.
Il représente le fonctionnement d’une économie en reliant les agents économiques ou les opérations qu’ils effectuent par des flèches qui symbolisent des flux. Ces flux sont dits réels quand ils correspondent à une circulation de biens ou services comme la consommation par exemple et ils sont dits monétaires lorsqu’il s’agit d’une circulation de monnaie qui est la contrepartie d’un flux réel comme le versement de salaire en contrepartie du travail fourni par les salariés.
POWERPOINT
Lecture du circuit : les ménages fournissent aux entreprises des facteurs de production qui vont permettre aux entreprises de produire.
En échange de cette fourniture de biens de production les ménages perçoivent une rémunération. Cet argent va être utilisé par les ménages pour acheter la production des entreprises. On voit bien qu’il existe des flux réels et des flux monétaires qui en sont la contrepartie et qui circulent en sens inverse. On voit également que les revenus naissent de la production et y retournent.(voir feuille annexe )
B) Le circuit économique complet.
Une économie ne se résume pas à deux agents ; d’autres agents interviennent dans l’activité économique, il s’agit de l’Etat et de l’extérieur.
- L’Etat a pour objet principal la fourniture de services collectifs à but non lucratif, la redistribution de revenus aux ménages et la régulation de l’économie. Pour financer ses activités, il effectue des prélèvements obligatoires.
- L’extérieur ou RdM qui regroupe les agents économiques résidant à l’étranger et entretenant des relations économiques avec l’économie nationale. Les opérations avec l’extérieur sont pour l’essentiel les importations et les exportations.
C) Les principaux enseignements du circuit économique.
Il permet tout d’abord de visualiser les interdépendances entre les différents agents, puis, il montre que tout flux réel a sa contrepartie monétaire, ensuite, il offre une représentation de l’équilibre macroéconomique global, enfin, il permet de comprendre les mécanismes autoentretenus comme la croissance ou la récession.
Cependant, il connaît des limites comme en premier lieu, il n’explique pas l’origine des changements, des retournements économiques, ensuite, il fait abstraction des comportements individuels, enfin, il se limite à l’aspect quantifiable de l’économie, il ne prend pas en compte certaines activités économiques comme le travail domestique, l’économie souterraine ou les activités domestiques ou bénévoles.
3°LES ECHANGES EXTERIEURS.
Des quantités toujours plus importantes de marchandises, de services, de capitaux, de titres financiers et d’individus se déplacent et s’échangent à travers des frontières de plus en plus ouvertes. Les pays anciennement développés (Europe occidentale, Etats-Unis, Japon ) restent les principaux acteurs d’un commerce mondial qui tire leur croissance depuis des dizaines d’années. Les nouveaux pays industrialisés ( N.P.I ) comme les pays d’Asie du sud-est et d’Amérique latine ont peu à peu pris une place croissante, quoique modeste, dans les flux commerciaux Ils vérifient à leur tour que le commerce international enrichit et favorise la croissance. Pourtant les deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979, les crises au Mexique dans les années 1980, en Asie et en Russie à la fin des années 1990, la concurrence des pays à bas salaires sont d’autant d’événements qui montrent que le Libre-Echange ( L.E )pourrait ne pas être aussi bénéfique qu’il n’y paraît. Dès lors, on s’interroge sur la façon de réguler le commerce mondial : quels organismes et quelles règles faut-il ?
L’ouverture des frontières est-elle si bénéfique dans un monde marqué par les inégalités de richesses et de développement entre les différents pays ?
Ne fait-elle pas peser une contrainte extérieure excessive ?
Ces risques justifient-ils des mesures de protection des économies nationales ?
Toutes ces questions relancent le très ancien débat entre libre-échange et protectionnisme qui resurgit de nouveau et ce régulièrement.
A) Les raisons du commerce international et sa comptabilisation nationale.
1-Les raisons de l’échange à l’échelle mondiale : les théories traditionnelles du commerce international.
Les premières théories du commerce international sont d’inspiration classique et néoclassique :
- la théorie des avantages absolus d’Adam Smith, selon lui, tout pays a intérêt à se spécialiser dans les productions pour les quelles il dispose d’un avantage absolu, c’est à dire dont les coûts de production sont inférieurs à ceux de tous les autres pays. En se spécialisant dans les productions pour lesquelles il est le meilleur et en renonçant aux activités ou il ne possède pas d’avantage absolu, chaque pays va accroître sa richesse nationale car la division du travail améliore l’efficacité productive du travail, la productivité du travail.
La critique majeure mais suffisante de cette théorie est que si un pays produit tout moins cher et qu’il ne connaît pas de limites de production, il peut alors tout exporter sans rien importer. Il n’y a pas de réciprocité qui est la base de l’échange et du commerce international.
- La théorie des avantages comparatifs de David Ricardo, pour lui, tout pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il possède un avantage relatif ou un moindre désavantage relatif (exemple de l’Angleterre et du Portugal qui échangent du vin et des draps….).
- La théorie H.O.S de la dotation factorielle ( H.O.S = Heckser, Ohlin et Samuelson ), cette théorie explique l’origine des avantages comparatifs par l’abondance relative des facteurs de production dans les différents pays. Selon eux, l’échange international est un échange de facteurs abondants contre des facteurs rares, cela signifie que les pays vont se spécialisés dans les productions où ils ont un facteur de production en abondance (l’exemple des N.P.I qui se sont spécialiser dans la production de biens utilisant en abondance du facteur travail qu’ils possèdent en abondance)
2- La comptabilisation française des échanges mondiaux.
La balance des transactions courantes est une des composantes de la balance des paiements qui retrace les échanges entre un pays et le reste du monde. La balance des paiements de la France est établie en France par la Banque de France.
Le compte des transactions courantes comporte quatre rubriques :
- La Balance Commerciale qui correspond au solde des échanges extérieurs d’un pays, c’est à dire la différence entre les importations et les exportations de produits d’un pays.
- La Balance des Invisibles qui correspond au solde des échanges de services entre un pays et le reste du monde
- La balance des revenus qui retrace le solde des échanges de revenus qui sont relatifs aux rémunérations versées aux non-résidents par les agents économiques français et inversement.
- La balance des transferts courants qui relève le solde des transferts courants qui recouvrent les dons, les aides publiques ou privées donnant naissance à des dettes ou des créances. Ce poste est, dans le cas de la France toujours négatif.
B) Le débat entre libre-échange et protectionnisme encore une fois relancé.
1-Les avantages du libre-échange.
Le libre-échange comporte différents avantages :
- Il accentue la concurrence du fait que celle-ci devient désormais internationale. Cela se traduit pour les entrepreneurs nationaux d’être sans cesse obligés d’innover, d’améliorer leurs capacités de production, d’être à la pointe du progrès technique. L’ouverture récente de la Russie et des ex-pays de l’Est montre que plusieurs décennies d’isolement commercial ont entraîné l’obsolescence et l’absence de compétitivité de leur système productif.
- Le libre-échange ouvre aux entreprises nationales de nouveaux débouchés, de nouveaux marchés, une clientèle élargie. Ce marché mondial permet aux entreprises de vendre davantage et donc de produire davantage, ce qui peut lui permettre de réaliser des économies d'échelle.
- Le libre-échange permet une meilleure allocation des ressources à l’échelle mondiale, c’est à dire que les autres pays fournissent à mon économie nationale ce que mon économie ne possède pas ou ne produit pas et à vendre les surplus réalisés par mon économie à l’étranger.
Le libre-échange s’appuie sur deux organismes internationaux qui se sont succédés dans le temps.
Tout d’abord, la première institution internationale de promotion du libre-échange date de 1947 qui est le G.A.T.T ( General Agreement on Tariffs and Trade ). Ce traité a servi de cadre aux échanges mondiaux pendant près de 25 ans. Son objectif était de supprimer progressivement tous les obstacles aux échanges entre les nations. Ensuite, le GATT est remplacé par l’Organisation Mondiale du Commerce ( l’OMC ). Elle comprend 132 pays, c’est une organisation intergouvernementale. Elle se différencie du GATT car elle dispose de plus de pouvoirs surtout en ce qui concerne le règlement des différends entre les nations. En effet, c’est l’OMC qui tranchera en dernier recours entre deux pays qui auraient un litige commercial. De plus, l’OMC peut contraindre un pays signataire de modifier sa législation si celle-ci s’oppose aux règles communes des pays participants à l’OMC. .
2- Les avantages du protectionnisme.
Le protectionnisme est une pratique et une théorie économique visant à protéger l’économie nationale de la concurrence internationale au moyen de barrières tarifaires et non-tarifaires. Le protectionnisme a plusieurs avantages :
- Il permet le développement économique des industries naissantes en les protégeant contre la concurrence internationale. En effet, les jeunes entreprises doivent acquérir une taille suffisamment importante pour faire face aux concurrents étrangers, pour faire face à la concurrence par les prix ( économie d’échelle )
- Le protectionnisme peut aussi protéger les industries sur le déclin dans les pays industrialisés comme la sidérurgie, la construction navale…de façon à permettre le redéploiement des activités productives et le recyclage de la main-d’œuvre.
- Le protectionnisme assure la sauvegarde de certains secteurs économiques indispensables à l’indépendance nationale comme l’industrie lourde comme l’armement ou l’industrie stratégique comme le nucléaire ou les activités technologiques de pointe.
- Le protectionnisme permet de sauver des emplois et donc de limiter le chômage dans certains secteurs exposés à la concurrence internationale, surtout la concurrence des pays à bas salaires où la compétitivité est une compétitivité-prix.
Le protectionnisme dispose de trois types d’instrument :
- Les barrières tarifaires ou droits de douane qui constituent l’instrument traditionnel des politiques protectionnistes. Leur objectif consiste à r »enchérir le prix des produits étrangers pour que les consommateurs leur préfèrent les produits d’origine nationale.
- Les contingentements aux importations qui consistent à définir une limite quantitative appelée quota pour certains produits importés. Par exemple, les importations de voitures japonaises font l’objet d’un contingentement dans la mesure où leur immatriculation ne doit pas dépasser 3 % du total des immatriculations françaises.
- Les barrières non-tarifaires qui peuvent revêtir différentes formes, elles peuvent être sanitaires, administratives ou de sécurité. En effet, pour limiter la pénétration d’un produit étranger sur le sol national, on peut dire qu’il ne répond pas aux normes de sécurité ou aux normes sanitaires du pays. Ce « néo-protectionnisme » s’est particulièrement développé depuis le premier choc pétrolier de 1973, et, par le fait que des organismes internationaux pour promouvoir le commerce mondial ont limité le recours aux barrières tarifaires par les différents pays.
C) La construction européenne : un exemple de régionalisation des échanges mondiaux.
1- Les grandes étapes de la construction européenne : les différents degrés de la régionalisation.
- La zone de libre échange : ensemble de pays qui s’accordent sur la suppression des barrières douanières au sein de la zone ainsi créée. On peut citer l’exemple de l’ALENA, en 1992, réunissant les Etats-Unis, le Canada, et le Mexique, c’est une zone de libre circulation des marchandises.
- L’union douanière qui est une zone de libre-échange à laquelle s’ajoute une barrière commune extérieure à l’ensemble des participants de la zone. C’est l’exemple de la C.E.E qui a commencé avec le traité de Rome en 1957 regroupant les six pays de la C.E.C.A du traité de Paris de 1951 ( France, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et l’Italie ), la C.E.E est achevée le 1er juillet 1968. - Le marché commun : c’est un stade plus avancé que l’union douanière. A cette dernière il faut rajouter la libre circulation des Hommes et des capitaux c’est à dire qu’il y a une libre installation des entreprises sur l’ensemble de la zone, donc la libre circulation des moyens de production. L’exemple du marché unique européen prévu par l’acte unique européen du 17 février 1986 et entré en vigueur au 1er janvier 1993.
- L’union économique : c’est le prolongement du marché commun par l’établissement de politiques économiques communes. L’harmonisation des politiques économiques apparaît comme le début de la reconnaissance de la régulation supranationale.
- L’union économique et monétaire : C’est actuellement le stade le plus avancé de l’intégration économique. En effet, elle rajoute à l’union économique un système monétaire unique. L’UEM en Europe a été organisée par le traité de Maastricht décidé en 1991 et entré en vigueur le 1er novembre 1993. Il aboutit au lancement de l’euro le 1er janvier 2002.
2- Les objectifs poursuivis par cette régionalisation européenne : portée et limite.
Si l’Europe économique et monétaire s’est réalisée, c’est aussi grâce à l’harmonisation progressive des politiques économiques et monétaires. A cet égard, il faut retenir le rôle intégrateur de la PAC. Même si elle est toujours l’objet de discussions et qu’elle a connu de grandes réformes dans les années 1980 et en 1992, la PAC a permis d’accroître la productivité du secteur agricole, d’augmenter le revenu des paysans ( + 11 % en 1994 et 1995 ), elle a aussi permis la réduction des excédents. Bien sûr la PAC n’est pas un succès absolu.
Mais la confrontation de la communauté européenne à ces problèmes engendre des motivations, des réactions qui participent à la construction de l’identité européenne.
L’Europe comme levier de convergence est passé par l’harmonisation des politiques économiques et monétaires. Les traités de Maastricht et d’Amsterdam constituent à la fois un moyen de croissance européenne ( la zone euro permet aussi de supprimer le risque de change et donc de faciliter le financement des économies ) et une contrainte sur les économies nationales qui doivent respecter les critères de convergence s’ils veulent intégrer la zone euro. Les participants à l’euro ont donc accepté de déléguer une partie de leur souveraineté à une instance supranationale : la BCE qui oriente la politique monétaire européenne et les banques centrales nationales.
C’est ainsi que l’Europe induit des contraintes mais qu’elle a aussi eu pour résultats d’établir la première zone économique mondiale.
En effet, en 1997, l’Europe des 15 représente 6,5 % de la population mondiale avec 372 millions d’habitants contre 268 pour les Etats-Unis et 126 pour le Japon, et 20 % du PIB mondial.
En 1996, l’Europe représente 44,8 % du total des échanges mondiaux contre 17,4 % pour l’Amérique du Nord et 24 % pour l’Asie en développement et le Japon.
L’évolution des flux financiers et courants a été multipliée par 8 en volume pour le commerce intra-européen de 1950 à 1990, alors que cette évolution n’a été multipliée que par 3 pour le les échanges extra-communautaires. Ce constat prouve l’accélération des échanges opérée au sein de cette régionalisation européenne. Ceci montre aussi que les échanges entre les différents pays à notre époque sont essentiellement des échanges intra-branches qui légitime un certain degré de régionalisation, mais, ce libre-échange ou ce protectionnisme « déguisé » remet en cause les théories traditionnelles du commerce international comme facteur de développement économique d’une part, et, d’autre part c’est un facteur d’accentuation dans les échanges entre les pays du Nord et du Sud, cela va accentuer la détérioration des termes de l’échange entre le Nord et le Sud. GUERRERO |